toi aussi tu pourrais argumenter un peu Nori.
Comme tu veux...
Bon tout d'abord, par où commencer ?
Ce film est merveilleusement filmé et la seconde scène, dans le taxi, donne le ton artistique qu'aura le film. Tôkyô By Night vue à travers les yeux de Bill Murray est étourdissante de beauté.
Le film débute sur les fesses de Charlotte, a.k.a Scarlett Johansson... c'est osé, mais -bizarrement- je trouve ce plan magnifique. La couleur n'est pas choisie au hasard, mais je vais pas déblaterer deux ans sur des interprétations personnelles, ça n'intéresserait personne. (Je m'adresse à toi, adepte d'argumentation primitive).
Sophia Coppola avait déjà fait fort avec Virgin Suicides, même si son second film (si on oublie son premier court métrage) est bien plus léger, bien plus plaisant, et bien moins pesant. Avouons néanmoins que derrière une façade minimaliste se cachent des trésors cinématographiques...
Evoquons les moments d'humour (du vrai humour, pas de l'humour Grenade pour résumer). Je ne vais pas spoiler outre mesure en évoquant tous les gags, je vais uniquement me focaliser sur le gag du singe. Bob Harris (Bill Murray) regarde la télé, comme il le fait chaque nuit, contraint par son insomnie. Il tombe alors sur un de ses anciens films, magnifiquement doublé par un japonais...triste différence avec la réalité, Bob étant complètement dépassé par la langue nippone dans cette même réalité. Il parle donc un japonais parfait un interlocuteur qui s'avère être un singe. Nul doute que le singe représente Bob Harris. (silencieux, il ne comprend pas, et ne semble pas en être peiné)
Le jeu des acteurs enfin est fabuleux, Bill Murray interprète à merveille l'américain en pleine crise de la quarantaine, cynique et détaché à souhait du monde qui l'entoure. La scène de la séance de photos résume très bien ce détachement.
Charlotte (Scarlett Johansson) est magnifique, physiquement, elle joue formidablement son rôle de jeune fille paumée, peut-être sortie trop tôt d'une jeunesse trop courte, que le recours à une cassette de thérapie psychologique pourrait aisément expliquer. Qui est-elle, aime-t-elle son mari, qui sera-t-elle, son couple va-t-il tenir aussi longtemps que celui de Bob ?
Dernier point : l'atmosphère sonore. Les musiques d'ambiance s'accordent parfaitement avec le ton visuel du film. Les lumières fluorescentes au sein desquelles évoluent les deux protagonistes sont superbement mises en musique...je ne m'explique peut-être pas bien, ce que je veux ici dire, c'est que l'étourdissement des héros est analogue au flottement ressenti à l'écoute des morceaux d'Air ou de Kevin Shields. Les productions musicales du karoaoké, ou de la poursuite dans Tôkyô sont en revanche en totale opposition avec les exemples précités. (Mon conseil personnel ... Phoenix - Too Young)
L'envie d'aller à Tôkyô pendant et surtout après le film est très forte. A déconseiller aux nostalgiques sous Tranxen.
Voilà pourquoi Lost in Translation est un bon film, et qu'on ne vienne pas me dire que "le ciné, moi j'y vais pour voir un film qui démarre tout de suite, un film où il se passe quelque chose", sérieux Iori, tu m'as paru vraiment...non je trouve pas l'adjectif, mais quand tu vas voir un film, creuse un peu...sinon voilà, j'ai argumenté.
Tout ça n'a rien de personnel, mais sérieux faut arrêter hein.
NB : J'ai passé une sale journée.
EDIT : J'attends la fatale question "oui mais L.I.T est bourré de clichés, bla bla bla". Exemple : la salle de jeux d'arcade. On pourra penser ce que l'on veut mais le cliché du japonais accro aux jeux vidéos passe mieux que plusieurs centaines de stéréotypes vus auparavant. Tout se joue dans cette scène dans les yeux de Charlotte. Fascinée, elle est fascinée, et nous le sommes donc tous, tant elle joue parfaitement son rôle. Fascinés par cette culture si différente, mais si intéressante. Et nous sommes bien placés pour le savoir . . .