Meurtres pour tuer le temps, d'Akagawa Jiro.
Une merveille ! Pas d'écriture car il n'y a pour ainsi dire pas de style si ce n'est un peu un style feuilleton populaire, mais de narration, de construction, un de ces romans qu'on ne lâche que contraint et forcé^^
La famille Hayakawa est une famille ordinaire bien qu'ayant vécu une tragédie : le père, Tetsuo, marin marchand est mort en mer, la mère Kayoko s'est retrouvée seule à élever ses quatre enfants qui s'en sont plutôt bien sortis.
Kayoko tient une petite boutique de souvenirs pour touristes, l'aîné, Katsumi, est journaliste free-lance toujours en vadrouille, la fille Mika est décoratrice d'intérieur et possède sa propre boutique, Keisuke est avocat stagiaire et le petit dernier, Masami, officier de police (genre très zélé hyper sérieux archi responsable).
Mais Keisuke souffre en silence depuis des années, depuis qu'il sait que Kayoko est aussi une voleuse de bijoux, que Katsumi est en réalité un tueur professionnel et que Mika est une escroc patentée qui opère sous diverses identités, et qu'il fait tout pour les secrets soient conservés même au prix de son sens moral.
Et puis un jour, Ichiro Tachibanagen, le mystérieux milliardaire sorti d'on ne sait où et ayant fait fortune on ne sait comment au Moyen-Orient, revient au Japon pour exposer dans un hôtel de luxe une fabuleuse collection de diamants.
Et voilà comment la famille Hayakawa se retrouve dans cet hôtel : Kayoko pour voler les diamants, Masami pour veiller à leur sécurité, Katsumi pour tuer le milliardaire et Mika pour le séduire et l'escroquer. Quant à Keisuke, il est là pour surveiller sa mère et Mika (il ignore que Katsumi est là aussi).
A partir de là c la folie : meurtres, quiproquos, rebondissements, machinations, un ballet incessant de surprises et de situations délicates, avec un final délirant de révélations et de masques qui tombent.
Ce serait en quelque sorte un polar boosté par Woody Allen, humour juif new-yorkais en moins, forcément^^
Bref, je ne saurais trop le recommander, ne serait-ce que pour qu'on arrête de dire que le polar est soit lugubre, soit parodique : ce bouquin n'a aucun de ces deux profils (même si le ton du narrateur peut parfois prendre un aspect parodique - et c là que ça pèche à mon avis, mais ça ne grignotte pas le plaisir de cette lecture à ce point, qu'on se rassure)