La sortie de films Coréens se faisant rare dans notre pays, c'est avec une joie non dissimulée que j'appris l'arrivée de 2 Soeurs (A tale of two sisters) sur nos écrans, que je considère comme l'un des meilleurs films de ce genre hybride mêlant drame psychologique et épouvante, avec le Memento Mori de Kim Tae-Yong (véritable chef-d'oeuvre, je ne le répeterai jamais assez). Un genre qui, bien entendu, tend à se démocratiser en Asie depuis le succès de Ring. Mais alors que ce dernier était une version dépouillée scénaristiquement du livre dont était tirée l'intrigue, visant à en faire avant tout un film terrifiant basé sur Sadako et sa vidéo maudite qui tue en sept jours, 2 Soeurs offre un scénario beaucoup plus complexe, donnant au spectateur l'impression de regarder un tout autre film lors d'un second visionnage. Car si le film de Nakata n'offrait aucune surprise de taille pour le spectateur (hormis, bien entendu, les scènes qui faisaient peur), celui de Kim Jee Woon remet tout en question lors de la dernière demi-heure, obligeant le spectateur à revoir le film pour en découvrir les facettes cachées (et je peux dire que de ce point de vue on se rapproche plus de Lynch que de Nakata, héhé) et surtout pour le reconsidérer totalement. Là ou je veux en venir, c'est que ce film, malgré quelques ressemblances avec Ring, comme un fantôme dont la démarche saccadée s'accompagne de bruitages appeurants (ce qui n'est pas rappeler Sadako, on l'aura compris), n'a pas lieu d'être comparé avec le film de Nakata tant il joue plus sur la subtilité du spectateur et la psychologie des personnages. Et dans sa façon de filmer, on peut dire que Kim Jee-woon n'a rien à apprendre de l'illustre réalisateur japonais, avec des hors-champs stressants et des effets de surprise qui m'auront provoqués de grandes frayeurs. Et fait assez important pour être signalé, tous ces effets propres aux films d'horreur se retrouvent démultipliés dès lors qu'on regarde à nouveau le film. Il en va de même pour la musique, dont le thème principal est récurrent dans le film, et qu'on commence par trouver très beau pour finir par en avoir les larmes aux yeux dès qu'on se le remémore. Pas étonnant, à vrai dire, que 2 Soeurs ait remporté le grand prix du Festival du film fantastique de Gérardmer cette année, succédant ainsi à Dark Water de qui ont sait. Le jeu des acteurs n'est pas en reste, puisque comme d'habitude dans les films asiatiques de cet accabit, on a droit à des interprétations criantes de réalisme, avec des personnages calmes ou totalement déjantés (Yeom Jung-Ah, qui joue le rôle de la belle-mère, est carrément géniale !). Kim Jee-woon nous agrémente même de quelques scènes purement anthologiques, comme une crise d'épilepsie qui survient brutalement lors d'un dîner, et dont les convulsions du personnage atteint s'accompagnent de cris de rage et de vomissements. Assurément, de grands moments que je ne suis pas prête d'oublier. Je ne peux hélas pas dévoiler trop d'éléments de l'intrigue, ce qui pourrait nuir au plaisir de la découverte, héhé, mais je finirais en disant que ce film est à voir absolument, car il est bien meilleur à mon sens qu'un Ring ou The Eye. Décidément, les Coréens semblent se placer peu à peu en maîtres du genre, et 2 Soeurs s'inscrit comme l'une des nouvelles références de son pays en la matière, aux côtés de la trilogie Whispering Corridors. A voir en VO uniquement, évidemment.