J'en parlais il y a peu sur les différents topics dédiés aux oeuvres de Johnnie To, au fur et à mesure que je voyais ses oeuvres, il m'apparaissais petit à petit comme un grand réalisateur. Cette progression s'arrête ce soir, après le visionnage de Exilé (2006) : Johnnie To est le plus grand !
Le synopsis : "Un tueur à gages des Triades chinoises décide de tout quitter pour s'installer à Macao avec sa compagne enceinte. Quelques temps plus tard, deux de ses anciens « collègues de travail » le retrouvent, avec pour mission de l'exécuter. Mais deux autres membre de l'organisation débarquent également, avec des motifs troubles. Les deux premiers se posent alors des questions sur la tâche qu'ils doivent accomplir. Car par le passé, les cinq hommes étaient amis..."
Je vais pas faire des détours, ce film est une véritable bombe, pour moi le meilleur de Johnnie To.. et à vrai dire je serai presque enclin à le considérer comme faisant partie des trois meilleurs polars HK. Un peu à la façon d'un Chingu, il met l'accent sur les relations à la fois ambïgues et passionnées de ces cinq gangsters, mais ici pas de flashbacks significatifs ni d'explications mieleuses ; en l'espace de 10 minutes on est immergé dans cette amitié, ce sens de l'honneur... et ce sans qu'aucune parole soit prononcées. Déjà là j'ai été troué par ce véritable tour de magie de Johnnie To, mais pour mon plus grand bonheur il ne s'arrête pas là.
La réalisation emprunte à chacune de ses oeuvres antérieures, à la puissance dix mille. Tout d'abord le scénario qui reprend les personnages et le milieu de "The Mission", une suite en quelque sorte, mais aussi des scènes nocturnes très oppressantes à la façon d'un PTU, une ambiance mafieuse magnifiquement retranscrite comme ses frères Election 1 et 2, ainsi que des scènes d'actions époustouflantes comme celles de Breaking News... bref de la jouissance pure et dure pour qui aime les polars. Sans oublier aussi les scènes plus douces qui se révèlent par la suite assez malsaines, macabres grâce à des effets de style et la présence de la femme de Wo et de leur bébé. Et puis un peu d'humour aussi, notamment par le personnage de Lam Suet qui, avec son côté pervers et bonhomme fais bien souvent sourire.
Les acteur j'y arrive, sans doute l'un des jeux d'acteur les plus profond, vrai, que j'ai pu voir depuis un bon moment. Certes quelques personnages ne sont pas aussi fouillés qu'on aurait pu l'espérer, mais chacun revêt son rôle de façon naturelle et charismatique. On ne présente plus Anthony Wong, qui, dans son rôle de discret un peu sévère et tiraillé entre ses sentiments et son devoir se révèle être le personnage le plus mature du lot. Simon Yam quant à lui prouve encore une fois qu'il peut tout faire, cette fois-ci en tant que boss rancunier et très très méchant. Le personnage de Wo, incarné par Nick Cheung, est aussi très intéressant, car il fait partie de ceux qui amène les scènes les plus touchantes et pertinentes (au niveau du message) à l'oeuvre.
Bref je parle je parle, mais pour conclure : une bombe atomique de Johnnie To, avec un scénario classique mais amené de façon efficace et originale, le tout desservi par un casting de qualité... et évidemment mention à la scène finale de toute beauté, qui est a la fois excitante, violente, touchante, drôle et superbement réalisée... Un final qui représente bien l'ensemble du film à vrai dire. Bref sautez dessus, il sort le 4 avril dans les salles françaises.