Le cinéma de Singapour

[Ryosan]

Je sens que je vais me lancer dans un topic en solitaire avec quasiment aucune intervention des autres mais je tiens à en parler J'ai découvert le cinéma singapourien grâce à Carrément à l'Est, un festival de cinéma asiatique qui se déroule à Paris. Plus d'informations dans cette news.

Je n'ai vu que deux films jusqu'à présent mais les deux m'ont donné une énorme soif d'en voir plus ! Je ne peux prétendre décoder tout, mais j'ai pu lire un article rédigé par l'attaché culturel et audiovisuel à l'Ambassade de France à Singapour et mes maigres connaissances en la matière vont dans le même sens que son analyse. La société singapourienne semble en proie à un grand pessimisme, une profonde noirceur sans doute due au manque de passé de ce jeune Etat (40 ans d'existence je crois) et donc sa quête d'identité. Les deux films que j'ai vus abordent très facilement le suicide et l'abandon social, ce qui témoigne quand même d'un profond malaise.

I Not Stupid
Une comédie satirique sur le système éducatif de Singapour, basé sur la compétition dès le plus jeune âge et capable de briser des rêves pour les élèves les moins doués pour les études.
>> Lire l'article sur WebOtaku

15
Attention, film choc. 15 retrace la vie quotidienne de 5 singapouriens âgés de 15 ans. Tous sombrent dans la délinquance, la drogue, les gangs, la violence, la vie de rue, l'échec scolaire et l'absence d'affection familial n'y est pas pour rien. Filmé à la façon d'un reportage trash, on y découvre des personnages campés par de vrais jeunes vivant dans cette situation. La douleur, je crois que c'est le terme le plus significatif de ce film. Entre la violence des combats de rue, la douleur morale subie par ces jeunes sans avenir et la douleur physique qu'ils s'imposent en se mutilant (piercing live...), accrochez bien votre estomac où vous pouvez. J'y ai vu les deux scènes les plus dérangeantes de ma vie (enfin je crois) : scarification live et avalage de drogue protégée par une capote. Dégueulasse et surtout dérangeant.

Je suppose que peu de personnes ont vu des films singapouriens, et pour cause, ils ne sortent quasiment jamais de l'île. Mais si vous avez un avis ou des questions, n'hésitez pas à poster !

[Ryosan]

Je continue mon monologue parce que j'aime ça

Hier soir, pendant la clôture du festival, j'ai pu discuter avec un acteur (jouant dans I Not Stupid) et il m'a exposé brièvement sa vision du cinéma singapourien. Dans le film, Hossan Long (c'est son nom), joue un publicitaire outré de voir un incompétent récupérer un poste important juste parce qu'il est... américain.

Pour en revenir à notre discussion, il m'a donc précisé que le cinéma de Singapour souffrait d'un manque de moyens, de visibilité locale (un gros % des sorties en salles viennent de l'étranger) et de curiosité des étrangers qui ne voient en Singapour qu'une île sans histoire, où tout le monde est heureux et riche. Or c'est radicalement faux.

Singapour a aussi une situation spéciale, à mi-chemin entre la culture millénaire chinoise, un rattachement raté avec la Malaisie et un goût prononcé pour l'économie. A Singapour, si on ne parle pas anglais, on n'est personne, on ne peut pas travailler dans une grande entreprise et on ne gravit pas l'échelle sociale.

[Naruto]

Je voudrais rajouter qu'à Singapour, c'est ultra prope!
Si vous avez la mauvaise idée de cracher par terre, une amende !
La gomme à macher a récemment été legalisée, auparavant les gens en rapportait des pays voisins comme la Malaysie.
Le gouvernement est aussi très autoritaire, et selon le Freedom House Index (pas trop fiable), la liberté se situerait a 3.5 sur une échelle de 7
les pays ``démocratiques`` comme le Canada, France et les États-Unis recoivent une cote de 1.