Bonjour à tous,
En ce moment, je m'intéresse beaucoup au travail et aux motivations des auteurs de fanfictions (c'est pourquoi ce sujet m'a interpellé et que j'ai lu avec intérêt les réponses que vous avez fournies).
Je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous, Cat et Mikomi: moi, je crois qu'il existe bien des éléments "de base" qui définissent City Hunter... Pour rester dans le culinaire (Cf le post de Cat
): il y a mille ingrédients pour réaliser un bon spaghetti bolognaise mais si on n'a pas les pâtes longues et fines et la sauce tomate, comment peut-on encore parler d'un bolo (pour la guerre entre partisans du gruyère et du parmesan, là on peut discuter :lol:)? Ou, pour faire moins trivial, comment identifier la Joconde si on n'évoque pas son sourire énigmatique?
Donc, la question de Sophie se justifie pleinement: il y a bien des points que l'on peut citer. Par contre, là où je rejoins Mikomi, c'est que l'ordre de ces particularités diffère selon la sensibilité du lecteur. Et que toutes ne plairont pas à chaque individu...
Mais, si j'ai bien lu le topic, la question est "qu'est-ce qui fait
pour vous (ces termes étaient entre virgules, ce qui souligne bien l'importance du point de vue personnel attendu) City Hunter?" Donc, même si le sujet est intéressant, le débat n’est pas "City Hunter : un manga original ou pas ?" (et là, je n'aurais pas grand-chose à dire ayant trop peu lu de mangas autres que ceux de Hôjô pour en juger...)
Pour moi, les trois premiers ingrédients (càd les pâtes, les tomates et la viande hachée pour un bolo CH :lol:) sur lesquels on ne peut faire l’impasse si on veut présenter vite fait/mal fait le manga à quelqu'un qui n’en a jamais entendu parlé (mais un tel olibrius existe-t-il encore :lol:?) :
1) Un
graphisme: je ne crois pas qu'il y ait moyen de faire l'impasse sur le dessin -ou plutôt les dessins– car il me semble qu’il s’agit du premier élément qui pousse qqn à vouloir se plonger dans une BD, quelle que soit le genre de celle-ci: si le dessin lui "parle" ou non...
Je n'ai aucune connaissance graphique aussi je vais faire de mon mieux pour le définir avec mes propres critères (de profane, donc :lol:): riche; fouillé; avec des éléments très réalistes et d'autres "excessifs" (les personnages sont "trop" beaux" ou "trop" ridicules); qui essaie de respecter au mieux les proportions mais en trichant quand même (ex.: les yeux, les épaules, etc.)... Et puis, le dessin "sert" le fond soit pour appuyer le propos, soit pour le "démolir" (Ex.: quand Ryô saisit Kaori par les épaules comme s'il allait lui annoncer quelque chose de grave... alors que c'est une idiotie qui sort de sa bouche !!!)
2) Une
histoire qui se dessine délicatement (sans doute trop doucement, pour certains) en 36 tomes (ce n'est que vers les tomes 33-34 que l'on dispose de presque tous les éléments qui permettent de comprendre les relations entre les personnages: Ryô/Kaori; Ryô/Falcon; Ryô/Kaibara, etc. Mais nul besoin de lire tous les tomes pour ressentir (et non plus connaître) les liens qui les retiennent...
3) Un
auteur. En l’occurrence, Tsukasa Hôjô, un auteur dont les thématiques récurrentes sont les liens que nouent les gens entre eux (et souvent malgré eux) et les conséquences que ceux-ci entraînent, et qui semble avoir comme valeurs la tolérance, l’ouverture aux autres, l’acceptation des modes de vie « différents » (Faites le test, c’est flagrant dans la plupart de ces mangas :
La mélodie de Jenny,
Family Compo,
Cat’s Eye et bien sûr
City Hunter !) Encore une fois, on adhère ou pas à cette vision-là. Moi j’y ai adhéré et je pense que c’est le cas de la plupart des fans de CH (il suffit de voir comment fonctionne HFC et qui fréquente ce site… sans vouloir cirer les chaussures d’NJ :wink:)
Voilà, je dirais que quand on dispose de ces trois critères-là, on sait en gros à quoi s’attendre dans CH. À présent que notre interlocuteur (inculte :lol:) a une idée de ce qu’est CH, essayons de le convaincre d’acheter –ou au moins d’emprunter à un ami plein de goût- les tomes de CH (je me propose comme responsable marketing) grâce aux autres éléments de la série :
4) Des
personnages qui ont tous, absolument tous, leurs failles, leurs fragilités. Des personnages qui peuvent être magnifiques à certains moments et atteindre des sommets de bassesse et/ou de ridicule (et je ne parle pas que de Ryô ! La phobie des fantômes de notre Kaori ne rend pas particulièrement la petite Makimura maligne et « classe ». Miki qui ne supporte pas d’entendre Ryô se moquer de son Falcon, ça vaut de l’or !!!Et quand le susnommé Falcon apprend l’impuissance de Ryô, on ne peut pas dire qu’il se montre très fair play…).
5)
L'humour. Et là aussi, j'utiliserais plutôt le pluriel: les humours (comiques visuel, langagier, situationnel, caricatural, etc.). Comme Mikomi l'a très justement dit: tout le monde n'appréciera pas. Certains le trouveront trop lourd quand d'autres lui reprocheront sa subtilité (j'en doute :lol:). Mais personne ne peut nier qu'il y a de l'humour dans CH (si?)
Mais là où je reviens au subjectif, c’est que, pour moi, CH n’est pas un manga humoristique. Au contraire, je trouve qu’il s’agit d’une oeuvre tragique rendue « lisible » par son humour décapant et salvateur (je suis tout à fait capable de me faire mes propres trips d’idées noires, merci bien). Et pour continuer dans le « c’est-mon-avis-mais-c’est-le-mien », j’ajouterais que l’humour multi facettes n’est là que pour souligner le point suivant :
6) => la
pudeur. Pour moi, c’est là que réside l’essence même de CH.
A priori, je n’aime pas les fanfictions alternatives. Mais il m’est arrivé d’en lire parce que je les trouvais bien plus « respectueuses » de l’œuvre originale que certaines fics qui suivaient pourtant à la lettre le canevas initial. Ici, je suis très clairement dans l’avis personnel et je ne prétends nullement détenir la vérité, hein ! Mais c’est comme ça que je vois les choses. Je ne peux pas me plonger dans une fic qui supprime les non-dits, les dialogues ambigus, l’humour qui est là « pour sauver les apparences » et alléger les situations, les gestes qui rapprochent et les mots qui éloignent, etc.
Dans CH, on s’aime trop (en amour comme en amitié !) que pour oser ou même avoir « besoin » de se dire "ces choses-là" car on estime (espère ?) que l’Autre est toujours capable de lire en soi comme en un livre ouvert (tout en craignant ce don, justement). D’où les innombrables malentendus et pourtant l’absolue vérité qui fait qu’on ne se trompe pas tant que ça, finalement. On ne sait pas (toujours) l’Autre, mais on le « sent »…
D’ailleurs, c’est sans doute ces deux derniers points qui me font préférer CH à Angel Heart… Je trouve Angel Heart un peu trop « bavard », moins subtil :?…
Fin du roman-fleuve ( :oops:), mesdames et messieurs…