Le verbe grec "poiein" qui veut dire "faire" a donné "poiesis" > poésie. Il s'agit donc dans l"Antiquité grecque et latine d'un acte de création par le langage pour exprimer quelque chose, fonction personnelle mais aussi sacrée de la poésie, chantée ou psalmodiée, mais dans tous les cas accompagnée d'un ou plusieurs intruments de musique (la personnification en étant le mythe d'Orphée avec sa lyre (d'où "art lyrique") qui enchantait l'univers avec son art). Paroles dites et chantées en accord avec la musique, avec des rythmiques dûes aux accentuations : syllabe tonique/atone, syllabe longue/courte.
Le français n'ayant pas le même système d'accents, il a compensé en créant un systèle de reprises (les assonances au moyen-âge) puis de répétition (les rimes), l'alexandrin finissant par s'imposer tout au long de la Renaissance. Ces règles furent très normées pendant la période classique.
Au 19 ème, une bande de jeunes merdeux menée par Victor Hugo se dit que ces vieilles règles, on peut jouer avec au lieu de faire de la poésie de papa, et Aloysius Bertrand se dit "pourquoi pas de la poésie en prose, carrément ?" et il le fit. Dès lors, la poésie n'était plus seulement qu'une question de thèmes, sentiments, rhétorique et ryhtmique, mais aussi d'image, de suggestions, de procédés plus ou moins subtils, une façon de réinventer le langage. D'autres délinquants littéraires, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Cros, Laforgue... poussèrent le bouchon encore plus loin.
Au 20eme ça se gâte encore un peu plus : Apollinaire supprime la ponctuation, pourtant on est encore dans la poésie, n'en déplaise aux premières critiques qui lirent Alcools. Que dire de Cendrars et Prévert qui mettaient des extraits de slognas publicitaires dans leurs textes, qui employaient un langage parfois trivial ? Un vers comme "la pipe au papa du pape Pie pue" de Prévert n'était pas vu par tout le monde comme de la poésie pourtant qui nie rait qu'il y a là un vrai jeu de rythme, de sons, et de sens ? et que c'est vers scandaleux (le papa du pape?
) ?
Tout ça pour dire que pour moi tout le monde a raison dans ce débat, si écrire procure du plaisir à celui qui écrit, qu'il se croit ou non poète, qu'il suive ou non les règles, c pas l'essentiel que d'avoir ce plaisir à créer quelque chose à partir du langage et dans une langue ? Après, c sûr, à partir du moment où il soumet ce qu'il a fait, il s'expose aux critiques, ce qui est normal.