Un film de Gosha Hideo, 1974.
Le quartier en question, c'est Ginza, objet des convoitises de deux clans yakuza rivaux, et dans lequel vit Egawa, une légende vivante du milieu, retiré des affaires et tentant de vivre tranquillement de son bar. Mais l'enlèvement d'une vedette de la télé va le forcer à replonger dans la violence.
Cette idée de base, le passé rattrapant un truand décidé à tourner la page n'est pas originale (Les tontons flingueurs, Impitoyable, History of violence par exemple...), mais nous sommes en 1974 et le polar a pris une tournure plus crue, plus violente, politique et sociale, même si ces deux derniers aspects ne sont pas vraiment mis en avant dans ce film. Dans les 70s, au cinéma, les corps se dénudent franchement et le sang coule à flot, c'est donc bien par son visuel que ce film détonne avant tout (dans le contexte de l'époque, et même aujourd'hui, y a des scènes qui frappent toujours, du moins la pauvre créature impressionnable que je suis^^).
Je ne répèterai pas ici tout le bien que je pense de la plupart des films de Gosha, et là encore, sa réalisation théâtrale, maniériste et expressionniste convient à merveille à ce sujet. Chaque scène de violence est filmée d'une autre manière et l'ironie pointe dans les scènes de tuerie, on est quelque part entre Tarantino et De Palma, avec toute la prudence qu'impose ce genre de rapprochement.
L'histoire suit son chemin tragique jusqu'au final telle une machine de mort implacable, donnant au film une résonnance de tragédie antique.
Un grand film, avec un Ando Noboru (le cimetière de la morale...), , lui-même ancien yakuza au passé bien agité, magistral dans ce rôle de personnage antipathique et froid mais loyal à ses principes et ses amitiés.
