Premier film de Gosha Hideo sorti en 1964, et première belle réussite. Une sorte de "chambara spaghetti" quelque part entre Mizumi, Kurosawa et Sergio Leone.
Le titre dit déjà tout. "Biki" (ou "piki") est un suffixe servant à compter habituellement le petits animaux (oiseaux, rongeurs...). Le fait qu'il soit appliqué à des humains (les samourais en question) aurait un sens péjoratif, genre "trois samourais de m..." ou "trois vermines de samourais" et c'est exactement ainsi que sont considérés les trois héros (au sens vraiment noble du terme vu qu'ils se battent pour une cause juste face à un pouvoir injuste), des vermines aidant d'autres vermines à savoir des paysans mourrant de faim et étranglés par des impôts et une autoraité crasse. Comme tout bon chambara, le sabre est mis ici au service d'une cause sociale, au nom d'une solidarité humaine dépassant les barrières sociales.
Trois rônin, sans argent, sans gloire, sans but précis, se retrouvent à défendre, au prix de leur vie, et bénévolement (!), des paysans miséreux face à un seigneur méprisable mais puissant. Les sept samourais et Zatoichi l'a fait aussi, donc le synopsis n'est pas d'une originalité folle, il est même un canevas traditionnel du fort défendant le faible face à l'opression. Dite comme ça, l'histoire est sans surprise, mais en fait, les rebondissements pleuvent, les personnages évoluent, ne sont pas monolithiques, l'action est bien dosée, l'émotion passe bien.
Le noir et blanc est utilisé ici dans un expressionisme accentuant la dramatisation des plans, marque de fabrique de Gosha, même lorsqu'il passera à la couleur (à mon avis, l'utilisation de la couleur par Gosha est similaire à celle utilisée par Mizoguchi Kenji : une palette en grande partie symbolique, plus que simplement figurative ou documentaire).
Bref, une heure et demie de plaisir.
