Salut,
Je suis nouveau sur ce forum et comme le sujet de la chasse à la baleine, auquel je m'intéresse, a été évoqué ici, j'aimerais ouvrir un débat dessus.
D'abord, je souhaite revenir sur ce qui a été dit sur ce forum par [-manta-]
ahh le japon et les baleines, je voulais faire un topic la dessus mais bon puisqu'on peut en causer ici...
Je suis à peu près l'affaire mais qu'est ce qu'ils me font pitier et leur comportement m'enerve passablement, ok les traditions culinaires et tout et tout mais hého, espèce protégée, ils connaissent pas le mot ?
Non seulement ils essaient d'acheter certains pays pour faire renverser les votes mais en plus ils avancent comme argument la "chasse scientifique"... pitoyable ! ><
" Le Japon a annoncé son intention d'augmenter son programme de chasse dite "scientifique" et de lancer un nouveau « programme de recherche » en Antarctique. Celui-ci doublera le nombre de petits rorquals chassés (850 individus) et ouvrira la chasse à deux nouvelles espèces considérées comme menacées, la baleine à bosse (50 individus) et le rorqual commun (50 individus). La communauté scientifique n'accorde plus aucun crédit aux programmes de recherche japonais qui constitue un prétexte pour permettre d'alimenter le marché japonais en viande de baleine." - Greenpeace France -
La réalité du débat baleinier est bien plus compliquée que ce que les médias occidentaux rapportent. Ces derniers font d'ailleurs preuve d'un incroyable parti pris puisqu'il reprennent quasiment mot pour mot la propagande des opposants à la chasse à la baleine (Greenpeace, WWF, IFAW, Australie, Nvelle Zélande, etc.).
Le Japon pratique, tout comme l'Islande, la chasse scientifique comme l'autorise la Convention internationale pour la réglementation de la chasse à la baleine de 1946 (texte fondateur de la Commission baleinière internationale) à l'article VIII. Il y est précisé que les pays membres de la CBI ont le droit d'accorder à leurs ressortissants des permis de chasse scientifique dont les résultats devront être présenté au comité scientifique de la CBI. Les cétacés capturés dans le cadre de ces permis devront être utilisés au maximum et selon les directives fixées par le pays ayant issus ces permis. Autrement dit, le fait que le Japon vende le blanc et la viande des baleines capturées lors des campagnes de chasse scientifique est tout à fait légal. D'ailleurs, il faut savoir que les revenus ainsi générés servent à financer les campagnes suivantes (et encore en partie seulement, puisque l'Etat doit également injecter de l'argent).
Pour savoir pourquoi le Japon a commencé la chasse à la baleine en 1987, il faut revenir en arrière.
Il est tout à fait exact de dire que tout au long de l'histoire de la chasse à la baleine, la priorité a été donnée aux profits au dédain de la préservation des populations de baleines. Ceci est particulièrement vrai pour ce qui est du 20ème siècle où les baleiniers ont commencé à chasser en Antarctique. La CBI elle-même, lorsqu'elle a été créée en 1948, n'était guère plus qu'un club de nations baleinières dont le seul soucis était de profiter des richesses que représentaient les cétacés, notamment leur huile. Cela se voit dans les mesures qui ont été adoptées pour gérer la chasse :
- L'unité BWU (Blue Whale Unit) qui établit des équivalences entre les différentes espèces de cétacés en fonction de la quantité moyenne d'huile que l'on peut obtenir à partir de leurs carcasses. Ainsi, une baleine bleue (1 BWU) égale 2 rorquals communs, égale 2,5 baleines à bosse, égale 6 rorquals de Bryde. Il va sans dire que ce genre de calcul favorise la capture des plus grandes espèces, puisque plus rentable.
- Le fait qu'il n'y avait pas de quotas établis par pays, mais un seul quota général. Résultat, les différentes nations baleinières s'engageaient dans une compétition où celui qui capturait le plus de cétacés le faisait au détriment de ces concurrents.
Il faudra attendre 1962 pour que des quotas par nations soient mis en place, et 1972 pour que l'unité BWU soit abandonnée au profit de quotas par espèces, puis par populations (stocks, dans le jargon de la CBI) des diffèrentes espèces.
Bien qu'il est pris part aux massacres des cétacés, le Japon n'est entré qu'en 1951 dans la CBI, et ne peut donc être tenu pour responsable de ces systèmes erronés de gestion de la chasse.
Au fil du temps, le nombre de pays baleiniers a diminué et avec l'apparition de mouvements populaires écologiques à la fin des années 1960 / début des années 1970, la baleine est petit à petit devenue le symbole de la protection de l'environnement.
Ainsi, les Etats-Unis ont fait adopté une résolution appelant à un moratoire de 10 ans sur la chasse à la baleine. Jugeant que cela n'était pas nécessaire, la CBI a rejeté cette proposition à l'époque.
Cependant, le mouvement anti-chasse à la baleine a pris de plus en plus de poids au sein de cette commission, notamment grâce à la possibilité pour les ONG de participer aux débats. Jusqu'en 1982, celles-ci, avec le concours de nations opposées à la chasse baleinière, ont "recruté" des petits Etats de façon à obtenir les 3/4 des votes nécessaires à l'adoption des mesures relatives à la gestion de la chasse (dont le fameux moratoire).
Ce stratagème a permis au camp anti-baleinier de faire adopter une interdiction temporaire (moratoire) de la chasse à la baleine en 1982, malgré que le comité scientifique de la CBI ait désaprouvé cette mesure, ne la jugeant pas nécessaire.
A noter que les mesures prises à la CBI doivent être fondées scientifiquement (donc, avoir l'aval du comité scientifique).
Le prétexte derrière l'adoption du moratoire est l'incertitude des données relatives aux stocks de cétacés. Le moratoire devait être réexaminé en 1990 sur la base des résultats obtenus lors de campagnes d'observation des cétacés en Antarctique. Malgré le fait que le comité scientifique ait établi en 1990 que les rorquals de Minke étaient abondants (761.000 têtes) dans les mers autour de l'Antarctique, la CBI a décidé de prolonger le moratoire ad infinitum.
D'ailleurs, les pays opposés à la chasse à la baleine réussiront même à faire adopter un sanctuaire dans les eaux entourant l'Antarctique, une fois encore contre l'avis du comité scientifique.
Le Japon, la Norvège, l'URSS et le Pérou ont fait objection au moratoire en 1982. Cette objection leur permet, selon les termes de la Convention internationale pour la réglementation de la chasse à la baleine, de ne pas être concerné par cette interdiction. Cependant, les Etats-Unis faisant pression sur le Japon à l'aide d'amendements prévoyant des sanctions, ce dernier a retiré son objection en 1984 et accepté la mise en vigueur du moratoire en 1987 pour ses baleiniers.
La raison citée pour l'interdiction de la chasse étant l'incertitude des données relatives aux populations de baleines, le Japon, la Norvège et l'Islande ont donc fait appel à la chasse scientifique, comme l'autorise l'article VIII de la Convention.
Depuis, la Norvège, qui a conservé son objection au moratoire, a repris la chasse commerciale en 1993.
Contrairement à ce que peuvent déclarer les ONG anti-chasse comme Greenpeace, le comité scientifique de la CBI porte un regard plutôt positif sur les résultats que les campagnes de chasse scientifique du Japon ont apportés. Le problème, c'est que le comité scientifique commence lui aussi à subir l'influence du lobby anti-chasse à la baleine et que les critiques contre la chasse scientifique des Japonais concerne principalement la possibilité d'obtenir les mêmes résultats sans tuer de baleines.
Le fait est que le Japon ne se contente pas seulement de capturer des rorquals de Minke en Antarctique, il observe également les autres espèces et utilisent des méthodes de prélèvement comme la biopsie, mais les conditions climatiques extrèmes de cette région ne permettent pas un usage intensif de ces méthodes.
Il est important de souligner que le Japon ne prélève qu'un nombre réduit d'individus d'espèces abondantes. C'est particulièrement le cas des rorquals de Minke (balaenoptera acutorostrata) qui sont très nombreux en Antarctique et qui n'y ont pratiquement pas été chassés jusque dans les années 1970 (où la gestion de la chasse était devenue plus stricte).
Voilà, je suis à votre disposition pour toutes questions, commentaires, critques.