Gosha Hideo est enfin sorti du purgatoire. Apparemment, le succès de l'édition DVD de Goyokin a convaincu les éditeurs (ici HK en l'occurence) de sortir d'autres films de ce cinéaste. Jittemai date de 1986. Un régal.
Des complots lors de la période Edo qui mouillent toutes sortes de gens corrompus à des degrés divers, auteurs ou victimes (et souvent les deux) de trahisons. Un document très compromettant met le feu aux poudres, on se l'arrache, tous les coups (et surtout les plus bas bien sûr) sont permis. Au coeur de ce maelstrom, il y a le duel de deux femmes, Ocha le papillon et Oren le chardon, magnifiques, résolues, mortelles.
C'est un film bien sûr mais avant tout une sorte de kabuki, en tout cas le film revendique clairement sa théâtralité, on s'en apperçoit de suite. Grimaces outrancières, poses provocantes, ricanements déments, chausse-trappes, pièges divers et combats violents. Personnages possédés, par la haine, l'ambition, la cruauté, le désir. Les couleurs rouges, roses, bleues, les décors faux (mais beaux), les passages dansés qui viennent ponctuer une narration en spirale qui se resserre autour des protagonistes principaux jusqu'à un ultime affrontement sobre et rapide mais intense et surtout un dernier plan sublime, de ce genre de plan auquel il ne faut surtout pas donner suite pour qu'on finisse bien dans la magie du film qui par ailleurs fonctionne comme un cercle avec des motifs qui reviennent, des combats circulaires, une dose de sadisme, une pointe d'érotisme, un habillage kitch qui s'impose en l'occurence, même un générique qui joue une parodie des James Bond (musique comprise).
Bref, un vrai spectacle, Gosha au mieux de sa forme, Ishihara Mariko magnifique, on a passé un très bon moment.
