Je ne suis pas daccord avec friendswatson et j ai trouver le commentaire de quelqu un qui pense la meme chose que moi mais dont les mots et les phrases seront probablement plus compréhensible que les miens.
J'ai lu le volume 33 et j'ai aimée, mais je suis dacord avec KM a propos de Xin-Hong... mais je voudrais pas que Xiang-Yin en tombe amoureuse.
Vous pouvez bien sûr ne pas être d'accord (comme je le précise, c'est un point de vue) ou penser que je me goure complètement (ou qu'Hojo a été stupide de concevoir Angel Heart dans une optique de réinvention). N'hésitez pas à me faire part de vos remarques !
Angel Heart, ou comment Tsukasa Hojo a réussi à créer une toute nouvelle oeuvre à part entière à partir de son oeuvre antérieure la plus populaire.
10 ans après la fin de City Hunter, Angel Heart commence sa publication. Très vite, les fans crient au scandale: le ton n'a plus rien à voir avec le City Hunter d'origine, Kaori est morte et le tout se déroule dans un univers parallèle qui réinvente totalement l'univers et les origines des personnages.
Mais au-delà de ces appréhensions initiales, Angel Heart s'inscrit dans une véritable démarche créative, de celles qui permettent de réinventer perpétuellement un univers et ses personnages pour les mettre à l'ère du temps, et ainsi leur permettre d'évoluer pleinement vers une nouvelle génération.
City Hunter était une oeuvre de son temps et une oeuvre presque de jeunesse pour Tsukasa Hojo. C'était l'époque où on admirait les héros increvables (les fameuses icônes qui attisent aujourd'hui la nostalgie) et les scènes d'action efficaces.
Ryo Saeba était un de ces héros increvables, qui ne craignaient pas la mort et fonçaient face au danger tout en ressortant vainqueur à chaque fois.
Il s'imposait aussi comme une satire de ces héros qui emballent toutes les femmes: il a beau être bel homme, il est sans cesse rejeté par les femmes qu'il aborde librement dans les rues et qui n'ont rien à voir avec ces Bond girls, et lorsque certaines commencent à apercevoir le vrai visage de Ryo Saeba et finissent par en tomber amoureuses, il prend ses distances.
Kaori Makimura était son contre-poids idéal: elle s'affirmait comme une femme forte qu'on ne pense pas avoir besoin de protéger et avait immédiatement instauré un rapport de force avec Ryo, ce dernier la craignant. Mais elle était malgré tout une femme sensible et fragile, celle que Ryo protégeait à tout prix.
Dès le début, Tsukasa Hojo s'est placé dans une optique de déclin et de renaissance: il tue d'emblée Kaori, et Ryo, sombrant, adopte une attitude auto-destructrice.
Hojo introduit dès la scène d'ouverture son nouveau personnage principal, Xiang Ying/Glass Heart, totalement étrangère à l'univers de City Hunter mais qui ne connait que trop bien le monde de l'ombre.
Xiang Ying se voit conférer le coeur de Kaori. Le coeur possède une mémoire incorporée. Et c'est par cette mémoire que Xiang Ying découvre l'existence de City Hunter.
Déjà loin d'être anodin dans le scénario, cet élément est ainsi un point de départ qui l'amènera logiquement à s'intégrer à son tour à cet univers.
Mais ce qui est très fort, et là Hojo a eu une pure idée de génie et un véritable esprit artistique, c'est aussi que le coeur sert de lien entre les lecteurs de City Hunter et la nouvelle oeuvre, entre les souvenirs qu'ils ont de l'oeuvre précédente et le nouvel univers: tout ce que dévoile le coeur de Kaori à Xiang Ying dans l'intrigue d'ouverture correspond à des éléments familiers aux fans.
Et Hojo se sert de ça pour détruire le mythe: alors qu'on pense du coup retrouver ces repères, tout est brouillé. Le monde a changé (à la fois d'époque et par l'univers parallèle). Et tout les éléments que Xiang Ying a vu dans ses rêves/visions et qu'elle tente de rattacher au monde réel n'existent plus, la faisant peu à peu sombrer dans une crise de paranoia violente, de même que les lecteurs sont laissés dans la confusion.
A mon sens, la grosse connerie de l'intrigue d'ouverture, et elle a certainement été commise par intérêt commercial, a été d'introduire Ryo beaucoup trop tôt dans l'histoire et d'alterner ensuite entre les deux héros (avec quand même une part plus importante pour Xiang Ying, jusqu'au moment où les deux se rencontrent vraiment).
Je pense sérieusement que le moment où Ryo aurait dû être introduit est lorsqu'il rattrape Xiang Ying près du tableau de la gare de Shinjuku. Le tableau n'existe plus (donc City Hunter n'existe plus) mais elle est rattrapée par Ryo Saeba, à la fois l'homme qu'elle cherche et quelqu'un de complètement différent désormais.
Les interventions précédentes de Ryo permettaient de retrouver le pervers Mokkori, de découvrir ce que le trio Ryo/Saeko/Umibozu est devenu après la mort de Kaori, d'expliquer (inutilement car évident) l'état d'esprit de Ryo, et de le faire courir comme un con dans la ville sans trop savoir ce qu'il cherche.
Mais tout ça, on s'en serait passé que l'histoire aurait presque été encore plus intéressante (au final, le seul bon point a été de le montrer perturbé par les signes du retour de Kaori, un événement incompréhensible qui le dépasse complètement).
Passée l'intrigue d'ouverture, Hojo tente à présent de réinventer son univers sur de nouvelles bases. Désormais les souvenirs de Kaori, présentés non plus comme des visions qui se mélangent avec la réalité et "hantent" l'esprit de la jeune fille mais comme des flash-back, présentent la nouvelle version des origines des personnages et leur passé, effaçant par là-même les derniers acquis de la série précédente.
City Hunter est le fruit des années 80 par un jeune auteur avec son héros increvable et ses situations très inspirées par les films d'action de l'époque mais peu en phase avec la réalité du monde.
Angel Heart, lui, se devait d'être une oeuvre des années 2000 par un auteur plus âgé avec des personnages plus humains, un univers beaucoup plus réaliste et des intrigues tournés vers des problèmes sociaux et non plus vers des grands complots ou vers des affrontements entre tueurs ultra-charismatiques (même si le personnage du Caméléon, introduit beaucoup plus tard, est un reflet moderne de ce type d'adversaires charismatiques, son introduction amenant également par moments le retour d'intrigues plus ancrées dans l'ambiance City Hunter).
Les personnages sont les mêmes mais, là encore grâce à l'univers alternatif, Hojo peut en faire ce qu'il veut. Ce ne sont plus des jeunes premiers mais ce ne sont pas non plus vraiment des vétérans. Hojo les a placé à un âge entre les deux: ils sont le reflet de ce qu'ils étaient autrefois mais ce sont des personnages différents. Ryo Saeba est toujours Ryo Saeba mais c'est aussi un autre personnage, réinventé. Il n'a plus la naïveté d'autrefois et craint désormais la mort plus que tout, tout en sachant qu'ultimement il n'emportera jamais cette bataille.
Par le biais de son nouveau personnage principal et nouveau City Hunter Xiang Ying, Hojo réinvente là aussi l'univers de City Hunter et son ambiance dans une sorte de remake contemporain (ce qui est un peu bizarre à dire vu que c'est aussi la suite dans un univers alternatif).
Au final, avec Angel Heart, Hojo a frappé un gros coup, quitte à perturber (et décevoir) son public de fans de City Hunter: non seulement on a bien là une oeuvre à part entière, différente de City Hunter et à des lieux d'une simple suite banale faite dans un but strictement commercial, mais il a su se servir de la situation pour appuyer une véritable démarche créative, un auto-remake idéal où il a su habilement prendre la distance nécessaire par rapport à son oeuvre sans pour autant jamais la trahir.
Enfin, je citerais aussi le fait qu'Angel Heart représente un autre tournant pour Hojo: l'auteur pense désormais ses intrigues de manière cinématographique, avec une structure narrative très travaillée et, chose assez rare dans les mangas, une véritable composition des plans (choix des angles compris) et du rythme qui ferait presque passer ses planches pour un storyboard.
Ce n'est pas nouveau dans le sens où Hojo avait déjà évoqué des notions cinématographiques comme le 4ème mur précédemment dans sa carrière (l'extrait où, suite à une fusillade dans un bar, Ryo fait croire à une caméra cachée pour s'en sortir, avec un regard caméra et un doigt désignant le quatrième mur, une attitude suivie par tous les clients. Ce passage appelle clairement à être interprété comme un gag cinématographique), mais ça n'a jamais été aussi clair et, cette fois, Hojo a vraiment mis ses intentions en application.
Pour terminer, je ne cacherais pas que ce remake ne plait pas à tout le monde. Plusieurs fans de City Hunter considèrent même Angel Heart comme un massacre, et effectivement c'est ce qu'a fait Hojo au début de la série: tout détruire pour tout reconstruire ensuite, une réadaptation, un auto-remake, et il le fait avec de véritables idées et une démarche créative non négligeable. C'est aussi ce qui fait sa valeur en tant qu'auteur incontournable.