Un film de Hou Hsiao Hsien. Yoko, de retour du Tai Wan où elle va souvent, annonce à ses parents et à son ami Hajime qu'elle est enceinte de son copain Taiwanais mais qu'elle ne veut pas se marier.
Hommage évident et revendiqué de l'oeuvre du grand Ozu Yasujirou, Café Lumière reprend à son compte l'esprit du Maître : portraits sensibles des personnages, histoire ténue mais qui tient grâce à la poésie du quotidien, magnifié dans la pureté des lignes et l'harmonie des tons ('tain chuis en forme ce soir^^). Mais le tour de force, c que ce film n'est pas totalement un pastiche, dans sa forme, du style d'Ozu. Non, on est bien chez Hou Hsiao Hsien : plans-séquences, longs plans fixes, pas de gros plans, fondus au noir, pas de champs/contre-champs etc. Un drôle d'objet cinématographique, fragile comme une bulle de savon.
Là où ça coince un peu, c qu'il n'y a pas conflit. Les films d'Ozu reposent pour la plupart sur le conflit des générations, ces films se passant dans les années 50, une époque de bouleversements profonds dans la société japonaise d'après-guerre. Ici, il y a bien inquiétude des parents devant la grossesse de Yoko, mais pas de conflits. Ok la société a évolué, mais les parents de Yoko sont d'une génération antérieure. On voit le pèr à deux doigts de parler, mais il se tait finalement. Du coup, l'attente se perd et on voit le film se finir sans grande signification. Même Hajime ne dit rien alors qu'il l'aime bien, la Yoko.
Bref, un très beau film, je comprends qu'on puisse le trouver ennuyeux. Mais il montre deux aspects de Tokyo très bien filmés : la folle réalité ferroviaire de cette ville d'une part, et les cafés tranquille, silencieux, charmants, loin des bars tapageurs et bariolés d'autre part.
